ALEXANDRE DOMINI

Atelier le Tâche Papier, jeudi 09 juin 19h


1.2,1.2,1.2,1.2,1.2,1.2,1.2...
Les cocottes et les grenouilles chez Alexandre Domini semblent marcher au pas en de mystérieuses et inquiétantes parades. En papier certes, mais leur nombre évoque de sombres mécanismes de proliférations à mi-chemin entre dérèglement cellulaire et défilé militaire nord-coréen. Ce qui nous inquiète, c’est la fausse supériorité de notre taille, nous regardons de haut ces petites choses tantôt colorées, tantôt blanches, alors même qu’elles menacent sourdement de nous assaillir. Verra-t-on un jour un visiteur pris de folie soudainement les piétiner en hurlant ou les asperger de quelque DDT ? Qui sait si leur envahissement silencieux ne rompra pas un jour la tranquille assurance des galeries… Toutefois, Il ne faudrait pas se laisser abuser par notre seule perception spatiale, certes les alignements sont bien là et la tentation de les dénombrer comme pour mieux s’en emparer rationnellement est grande, mais songe-t-on à ce qui les a fait naître ? A cette régularité de métronome qui les a pliés en cadence? Car derrière le 1.2 de la phrase martiale se cache le terrible tic-tac du temps qui passe, qui s’écoule et nous emporte tous. (…) Je plie pour oublier que la corbeille est notre triste fin de créatures de papier. En somme, parodiant la phrase enfantine de l’élève qui calcule, on pourrait dire d’Alexandre Domini qu’il pose tout mais ne retient rien. Tout au contraire, en disposant ces créatures sur le sol, il laisse filer le temps sans rien nous épargner de son indifférence hautaine de maître incontesté. Incontesté ? C’est à voir, car ce jeune créateur a aussi disposé son métronome sur des feuilles blanches qu’on pourrait bien avoir envie de remplir sinon de plier à sa suite. (…) Laurent Devèze