Benjamin Grivot vit et travaille à Dijon
Cette série est un processus d’apprentissage « Do It Yourself», parti de zéro sans aucune connaissance dans le domaine de la lutherie et qui se perfectionne à chaque nouvelle tentative pour aboutir à des instruments les plus fonctionnels et proches de ceux distribués par les grandes industries. Ces objets ne sont pas des sculptures, mais de vrais instruments de musique directement inspirés des guitares de la marque Gibson.

Cette recherche pose la question de la frontière entre l’artiste et l’artisan par l’ambiguité qui réside dans les objets qui en résultent : s’agit-il de sculptures ou de vrais objets sonores ? Ce questionnement est renforcé par le fait que les guitares ne sont pas jouées en situation d’exposition, laissant en suspend leur sonorité. «Crate guitars » est une série de guitares fabriquées de manière traditionnelle à partir de bois de cagettes de légumes ou de palettes trouvées dans la rue. De plus il s’agit de sacraliser un matériau pauvre et destiné aux déchets en le transformant en guitares qui sont des instruments mythiques.

Bertrand Kelle vit et travaille à Dijon
En 2015 les bibelots chinés à Emmaüs s’installaient tranquillement dans l’atelier de Bertrand Kelle pour imposer subrepticement leur désuétude hautaine, toute imbibée de noirceur calcinée… Leur présence familière, teintée d’ « inquiétante étrangeté » inaugurait la procession sacrificielle des « Hi !Dolls ! » et des « Pièces montées » ; éloge du kitsch transfiguré, esthétique « black trash » pour idoles de pacotille brunes et équivoques… Gris-gris, fétiches, totems, sex toys primitifs, pions énigmatiques pour rituel païen ou cérémonie funèbre ? Baroque carnavalesque. Mystique folklorique, teintée de Voodoo tribal et trivial, ou de violence gothique avec les « Fleurs du mal » et leurs écorchures de verre … Enfin depuis peu la couleur revient subrepticement avec la série teintée d’humour noir iconoclaste, des « Toiles de Maitre », où des canevas sont noircis et augmentés de boiseries rustiques ou ethniques.

Créer des personnages par milliers. Cela fini par donner une foule.

Une foule finit par pouvoir faire beaucoup de bruit. Des saturations vives et aiguës qui transpercent la rétine. Heureusement qu’une main robotique vient nous caresser le visage et nous redonner de la joie dans ce bordel qui nous a littéralement digéré. Un trop plein d’enthousiasme peut devenir éprouvant pour tout le monde, jusqu’à perdre pied. Mais heureusement, il y a les chiens. Ils sont toujours là au milieu de toute cette accumulation d’objets, de formes et de ratures, de créatures bâclées, pas forcément désirées.